Dimanche 31 mai 2009

Le mec qu'on range à part...
Mardi 26 mai, Saint-Lô

Je n'en peux plus de lire des messages d'une agressivité sans nom sur MySpace ou Facebook. Pour qui se prennent ces gens qui se disent "choqués", "déçus" ou mieux encore "tristes de devoir abandonner un artiste qu'ils aimaient tant" parce que ... je ne réponds pas aux mails qu'ils m'envoient ?! Sans déconner ! Je dois être un des rares mecs à avoir répondu, sans mentir et à mes frais, à des milliers de lettres ou encore avoir laissé des mots virtuels ici ou ailleurs... Quel connard je suis ! C'est vrai : je n'ai que ça à faire de mes journées. Je n'ai pas de métier, je n'ai pas de famille, je n'ai pas de projets, je n'ai pas de vie ! Que les déçus s'en aillent, et qu'ils attendent des chanteurs qu'ils deviennent des amis ! Je ne serai jamais esclave de personne. Qu'elles se le disent ! Que cette situation est triste : je suis le con dans l'affaire, à vouloir faire plaisir...


Mercredi 27 mai, Saint-Lô/Paris

Neuf heures du matin, le portable me réveille brusquement. C'est maman au téléphone, angoissée, des sanglots dans la voix. Elle m'annonce que l'hôpital l'attend aujourd'hui même pour sa cinquième cure de chimiothérapie. On lui signale qu'une petite poche de pue s'est formée sur la cicatrice de son cathéter, justement ce qu'elle redoutait le plus.

Je décide de l'accompagner et de condenser ma journée de rendez-vous en deux heures chrono et d erejoindre l'A13 avec maman dans mes bagages ! Je n'aime pas les imprévus de ce genre, ça me stresse, mais un manque de place à Saint-Louis ce week-end oblige l'hôpital à avancer l'arrivée de quelques patients. Maman est dans le lot !

Le discours du Professeur Thiéblemont est rassurant. Si la régression de la maladie est flagrante, on sait que ce n'est pas gagné et que la maladie peut repointer son nez à n'importe quel moment. Son lymphome de la zone marginale atypique connaît tellement de cas de récidives...

Dîner avec Serge P. mon ami, mon confident de toujours. J'ai comme décidé de renouer avec tous ces gens qui me sont si proches, de forcer le destin et de "nous" imposer des rendez-vous trop souvent manqués. La vie file. Déjà une année que je n'avais pas revu Serge. Le temps d'un dîner avec vue sur la maison de la Radio ne nous suffit pas à rattraper le temps définitvement perdu. Je quitte Serge peu avant minuit, tellement touché de ces retrouvailles. Je le quitte en l'espérant heureux. Epanouï, je sais qu'il l'est dans sa vie d'artiste.


Jeudi 28 mai, Paris

James au téléphone. Si James a hérité de ce prénom, c'est bien parce que sa mère était fan de James Dean. C'est peut-être aussi pour cela qu'il trace sa carrière dans le cinéma aujourd'hui. Il est mon ami, même si on ne se voit que trop peu. Alors que je participais il y a plus de dix ans à un tremplin muscial à Coutances en tant qu'animateur radio, dans la Manche, James est venu s'asseoir à côté de moi, un poil branleur, un poil belle-gueule histoire de faire connaissance. Ce jour là, nous avons décidé de ne plus nous quitter. Avec la tenace envie de conquérir Paris et ... les Etats-Unis d'Amérique !
Nos routes se sont éloignées au fil du temps. James vit à Montmorency avec sa femme et son fils, loin de la côte Manchoise où nous avons fait les 400 coups. Nous ne nous voyons presque plus mais nous nous aimons quand même. Si nous avons conquis Paris à notre manière, nous avons abandonné l'idée de convaincre les Amerlocs de nos talents. Avec l'accent frenchy-normand, nous avions peu de chance de percer à Hollywood. Nous en rions maintenant, c'est bien le principal.


Vendredi 29 mai, Paris

Je m'entretiens avec le Docteur S. afin de lui poser toutes les questions que je me pose et que je n'ai jamais osé évoquer auparavant sur la maladie de maman. Je repars fébrile de l'hôpital, incertain de l'avenir mais certain qu'elle s'en sortira. Paradoxe, quand tu nous tiens...

Sur le quai des "au-revoir" je dépose une mère souriante et heureuse de vivre, de survivre. Je la laisse à la Gare Saint-Lazare pour la première fois et le soin de retrouver seule la Normandie. "Il ne faut pas que tu t'inquiètes, j'ai des tas de trucs à faire" me dit-elle avant de s'engouffrer dans le hall en travaux. Pincement de coeur...


Samedi 30 mai, Zénith de Paris

Généreuse soirée que celle proposée par Noah et ses amis au Zénith de Paris, à l'occasion du concert des Enfants de la Terre. Le public est aux anges, familial et popualire. Aussi éclectique que les artistes qui défilent sur scène, d'Aubert à Jenifer, de Pagny à Zazie : il y en a pour tous les goûts et toutes les oreilles. Côté coulisses, c'est ambiance vacances ! Pas de stars ici, juste des artistes sensibles à la cause défendue par Yannick Noah et sa famille.

Retrouvailles avec l'ami Peyrac et les deux femmes de sa vie. On se manque. Nous sommes pourtant voisins en Normandie. J'irai le voir très bientôt, peut-être même le 5 juin à l'Alhambra à Paris si j'en ai le temps. La copine Emma Daumas est là, souriante et forte des tempêtes traversées. Pas "conne" pour deux sous comme elle le chante avec ironie, Emma n'a pas la mémoire qui flanche et se souvient même que j'avais failli produire avec Thierry S. un premier titre pour elle il y a... dix ans de cela ! Noah se souvient très bien de moi et me glisse même que "j'aurais dû venir chanter avec eux sur scène"... Je reste stupéfait qu'on se souvienne de moi, à chaque fois, moi le bien plus Normand que Parisien. Moi, le mec qu'on range souvent "à part"...