Mardi 12 mai 2009

Cocon
Vendredi 8 mai, Paris

Cette fois, nous devons quitter Saint-Lô plus tôt que les autres semaines : c'est férié et les médecins ne nous attendront pas. Maman est prête. Mes yeux sont cernés, je n'ai presque pas dormi cette nuit. La peur de rater l'heure certainement.
Changement de chambre. Maman est accompagnée huit numéros plus loin que d'habitude. Plus de vue sur la Tour Eiffel, juste sur l'immeuble gris d'en face. Il fait beau, maman a le moral. Ses mauvais globules blancs restent stables. Les discours varient selon nos interlocuteurs, j'ai envie d'en savoir plus mais ce n'est pas le moment. Personne ne semble avoir envie de prendre du temps. Je trouve exaspérant que personne ne nous explique, ne m'explique. J'entends dire que peut-être que la moelle épinière est touchée... Peut-être...

Ce soir, je retrouve ma petite Hoda et Blandine, styliste de l'émission Star Ac. Il est bon de se souvenir et de rire comme avant. Hoda est une amie, une vraie. Elle m'amuse avec ses histoires, son chemin, son fils et plus généralement sa vie ! Nous décidons un peu tardivement de dîner à Bastille, en terrasse, à l'abri du vent. Avant de me retrouver face à la solitude et aux doutes de guérir un jour maman, dans mon petit appartement.


Samedi 9 mai, Paris

Maman va bien, garde le sourire, et la première fournée de chimiothérapie est un succès. Vivement demain que nous ne pensions qu'à la prochaine venue. Je la bats neuf fois sur dix au Puissance 4, et du coup, sa tension fait des siennes. "Tu m'énerves" me lance-t'elle en riant. C'est fou : si nous n'étions pas là, dans cette chambre médicalisée, rien ne nous permettrait de penser que maman est malade. Rien. Foutue maladie.

Petit appel impromptu de Stéphanie Fugain. Je sors de l'hôpital Saint-Louis. Je ferai tout pour aller marcher dans Paris à ses côtés, en souvenir de Laurette, dimanche 17 mai prochain. Quelle jolie dame que Stéphanie, quelle belle âme aussi. Où puise t-elle cette force pour écouter et soutenir des gens comme nous, et nous aimer si simplement ?

Dîner avec Pipou Lorne. Je m'amuse à le présenter à des amis comme THE auteur de chansons de Maurane en reprenant (massacrant ?) "Ca casse", un de ses bijoux. J'aime aussi raconter qu'il a chanté les génériques de "Denver" ou encore de "Tortues Ninjas" : les plus jeunes n'en reviennent pas. Je termine souvent par l'époque Starmania comédie musicale dans laquelle il tenait un rôle, période Maurane justement... Suis un peu une vieille groupie, pour de bon. Quel chanteur, quel personnage, quel casse-couille parfois. C'est my Peter, et je l'aime aussi pour tout ça.
Dire que si je suis monté à la capitale, c'était pour le voir lui...


Dimanche 10 mai, Paris/Saint-Lô

13h, je suis à l'heure et j'ai à peine enfilé mes surchaussures bleues que maman apparaît comme par magie dans le Sas su service. Tout s'est bien passé même si elle est clairement fatiguée. Retrouver Saint-Lô et son jardin, c'est à chaque fois un petit rêve qui s'exauce quand elle rentre chez elle. Dans son cocon, comme elle dit...


Lundi 11 mai, Saint-Lô

Nous n'ouvrirons finalement pas un deuxième établissement à Saint-Lô. La décision est clairement prise. Trop de travail, trop de finances, et trop envie de musique surtout ! Un deuxième QG, oui. Dans quelques temps...

Pour l'heure, nous mettons à jour toutes les choses qu'on accumule et met ..é quand le temps ne nous en laisse pas assez ! Les factures à payer, les impôts avant le 15, les mails en attente, les affiches à poster, les contrats à retourner... Il était temps qu'on se pose.

Maman jardine, comme si elle n'avait pas quitté les lieux, comme si de rien n'était. Qui s'occuperait de son jardin si un jour la vie nous séparait ? Rien que pour ça, elle restera.