Jeudi 2 juillet 2009, Saint-Lô
Maman affronte seule Paris et l'hôpital Saint-Louis depuis mardi. C'est l'heure du prélèvement des cellules souches, quelques semaines avant la grande opération de la rate. Je l'ai au téléphone deux fois par jour au moins : son moral n'est pas d'acier mais elle revit dès qu'elle admire le Sacré Coeur ou dès qu'elle se perd dans les grandes boutiques Parisiennes pour profiter des soldes comme Mme Tout le Monde. Ou Mme Pas Malade.
La photo me passionne chaque jour un peu plus. Saint-Lô offre à Réza une exposition gigantesque autour des remparts de la ville. Les couleurs sont sublimes, l'oeil du pro exemplaire et j'admire à chaque fois chacun des clichés présentés. Réza l'Iranien témoin de la guerre, ami de Massoud, photographe de paix : un reporter de guerre. C'est un grand homme que ma ville salue et je l'en remercie vivement. Je suis resté marqué par ma rencontre ave Alain Mingam, un journaliste et photographe, alors que je dirigeais les cinémas locaux. Il était venu présenter le sublime War Photographer de son copain James Nachtwey... Des passionnés qui me passionnent. Et des témoins précieux qui nous permettent de voir autre chose que son petit nombril.
Mon modeste projet photographique avance. Je joue, de niveaux de gris clairs en gris foncés. C'est noir, c'est blanc : et je trouve ça beau ! Les modèles m'offrent un peu d'elles et je m'applique comme pour écrire une dictée à l'école. Si photographe ne sera jamais un métier je suis bien heureux d'être attiré par aute chose que le micro. Un don de maman certainement.
La petite Bahia est l'unique survivante du dernier crash de l'Airbus A310. Un miracle... Bahia, au Brésil, veut dire la Baie des Saints. Comment ne pas croire qu'il fallait un témoin, une rescapée de cet accident malheureux ? Pourquoi la jeune Bahia, pas une ou un autre ? Je me questionne sur celui qui dirige, qui nous honore de nous laisser la vie. Je l'imagine derrière un grand ordinateur, nous pointant un à un du doigt et choisissant notre petite destinée.
J'irai chanter samedi tout près de Dunkerque, dans la ville de Wormhout. Je suis toujours rassuré d'aller chanter dans le Nord, parce que je sais déjà que l'accueil y sera chaleureux et que les gens seront généreux. Minou sera de la partie, nos deux guitares branchées à fond dans les enceintes. Et le sourire des gens, devant, en cadeaux si précieux...